Vol spécial pour ramener de force des Sri-Lankais qui demandaient l’asile

Réfugiés : les charters pour le Sri Lanka vont se multiplier

14 janvier 2023, par Manuel Marchal

46 réfugiés ont été renvoyés de force au Sri Lanka. Ils ont embarqué hier matin, chaque réfugié était sous la surveillance d’un policier. Hier après-midi, le préfet a justifié cette décision : il faut faire passer un message, a-t-il dit. Sans doute ne sera-t-il tout simplement ignoré par les réfugiés potentiels qui ont des raisons légitimes de tout quitter. Si Paris ne change pas de politique, les charters de réfugiés vont se multiplier donnant au monde la pire image de La Réunion qui soit. Car La Réunion se situe en Afrique, et en Afrique, l’hospitalité est une valeur sacrée.

Briser les solidarités, c’est un des objectifs du projet de loi sur les retraites. Il veut en effet pousser les futurs retraités à se constituer un capital individuel pour compenser un régime général basé sur la solidarité entre les générations toujours plus faible.
Briser les solidarités, c’est aussi la politique mise en œuvre pour gérer l’arrivée des réfugiés à La Réunion. Sur 53 réfugiés arrivés le 24 décembre en provenance du Sri Lanka, 46 ont été renvoyés de force hier matin par un vol spécial affrété par l’argent du contribuable. Chaque personne était sous la surveillance d’un policier.

L’hospitalité, valeur sacrée en Afrique, bafouée

Lors d’une conférence de presse hier après-midi, le représentant de l’État à La Réunion a justifié cette politique de répression. Il dit devoir adresser un message disant que La Réunion n’est pas une bonne destination pour les boat people. Il a indiqué que ces dernières années, 397 personnes sont venues par bateau du Sri Lanka et que 277 de ces réfugiés ont été expulsés. Que sont devenues ces personnes dans un pays où sévit la répression ? Cela n’est pas le problème de Paris. Mais c’est d’abord l’image de La Réunion qui en pâtit et en premier lieu celle du peuple réunionnais qui passe aux yeux des victimes comme un peuple qui a oublié le sens de l’hospitalité, une valeur traditionnelle sacrée en Afrique et dans l’océan Indien, c’est-à-dire dans la région où vit le peuple réunionnais.
Le préfet a également confirmé l’arrivée dans les prochaines heures ou au plus tard aujourd’hui d’un nouveau bateau. 70 réfugiés seraient à bord. Cela signifie donc qu’un autre vol charter pour le Sri Lanka ne tardera pas à décoller.

C’est à bord d’un avion de ce type que des réfugiés ont été envoyés de force vers le Sri Lanka.

Les charters ne pourront pas toujours régler la question des réfugiés

Le Sri Lanka est touché par une grave crise sociale, économique et politique. Pour de nombreux habitants de ce pays, tout quitter est la seule issue pour survivre. Dans ces conditions, le message de Paris a peu de chance d’être entendu. D’ailleurs parviendra-t-il jusqu’aux personnes qui envisagent l’espoir d’une vie meilleure à La Réunion ?
Par ailleurs, le monde comptait l’an dernier plus de 100 millions de réfugiés, un record. C’est la conséquence de l’exploitation capitaliste qui génère des conflits et le changement climatique. Pour le moment, La Réunion est touchée de manière très marginale par la crise des réfugiés en Afrique ou en Asie. Mais si la situation s’aggravait dans notre région au point de pousser brusquement des milliers de personnes à débarquer dans notre île, les charters ne pourront pas régler le problème.
C’est pourquoi la priorité doit être de lutter contre les phénomènes qui sont à l’origine de celui des réfugiés, à commencer par la pauvreté et les inégalités.

M.M.

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