Nouvelle illustration d’un « système » inadapté à la réalité des Réunionnais

Loyers dans le privé à La Réunion : 36 % plus cher qu’en France pour un appartement

29 décembre 2022, par Manuel Marchal

Alors que les anciennes colonies devenues département abritent une population plus pauvre qu’en France, les prix moyens des loyers dans le privé relevés par une agence gouvernementale y sont aussi élevés que dans les régions françaises les plus riches. Cette déconnexion entre le « marché » et la réalité est une nouvelle illustration du « système » à La Réunion, en Guadeloupe, en Guyane et en Martinique. L’urgence est de mettre en rapport le prix des loyers avec les revenus des populations, afin que chacun puisse avoir un pouvoir d’achat suffisant pour vivre dignement.

Une étude publiée sur le site du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires donne un aperçu du montant moyen des loyers au mètre carré par commune, département et région. Cette étude concerne le parc privé, sur la base d’annonces postées sur des sites internet recensées par l’Agence nationale pour l’information sur le Logement (ANIL).
La Réunion fait partie des territoires où la moyenne est la plus élevée, au même niveau que la région parisienne, les grandes capitales régionales ou les zones les plus touristiques en France. Les autres anciennes colonies françaises devenues département sont également dans le peloton de tête.

Alors que les anciennes colonies devenues département abritent une population plus pauvre qu’en France, les prix moyens des loyers dans le privé relevés par une agence gouvernementale y sont aussi élevés que dans les régions françaises les plus riches.

32 % plus cher pour une maison

A La Réunion, le prix moyen au mètre carré pour louer un appartement dans le privé est à 12,85 euros, contre 9,38 euros en France. C’est un surcoût de 36 %.
La commune la plus chère est Saint-Paul, avec 16,20 euros le mètre carré. Cela s’explique par l’existence d’une zone touristique le long des plages. Saint-Leu suit de près avec 15,20 euros le mètre carré, juste devant une autre commune comprenant une station balnéaire, l’Etang-Salé avec 14,50 euros le mètre carré. La Possession n’a pas de plage, mais c’est une ville attirant des familles à haut revenu travaillant à Saint-Denis, d’où un prix moyen de 14,20 euros le mètre carré.
Pour les maisons du parc privé, la moyenne relevée sur les sites d’annonces observés par l’ANIL est de 10,85 euros le mètre carré, contre 8,20 euros en France. C’est un surcoût de 32 %.

« Marché » du logement déconnecté de la réalité dans les anciennes colonies

L’observation de la carte montre qu’en France, les zones où les prix des loyers dans le privé sont les plus élevés en moyenne correspondent aux régions les plus riches. Un lien existe donc entre le pouvoir d’achat de la population et le prix des loyers. Mais ce lien n’existe pas dans les anciennes colonies devenues département français depuis 1946. En moyenne, la Guyane, la Guadeloupe, la Martinique et La Réunion ont un taux de pauvreté plus élevé qu’en France, mais la moyenne des loyers dans le privé correspond aux valeurs observées dans les régions françaises les plus riches. C’est le signe d’un « marché » du logement déconnecté de la réalité.
Il existe à La Réunion une pénurie de logements sociaux, avec plus de 30.000 demandes en attente. Ce phénomène est durable. Il oblige donc des personnes vivant sous le seuil de pauvreté ou légèrement au-dessus à se loger dans le privé où, selon l’étude parue sur un site gouvernemental, le prix moyen des loyers est supérieur de 36 % à celui de la France pour un appartement, de 32 % pour une maison.

Un « système » à remettre en cause

Cette étude illustre une nouvelle fois la crise profonde à La Réunion. C’est la conséquence de l’application dans notre île d’un « système » inadapté à la réalité. C’est ce que montre un prix moyen des loyers correspondant à celui de la région parisienne, alors que le revenu par habitant à La Réunion y est nettement inférieur. Le « marché » montre là son incapacité à produire des logements adaptés à la capacité contributive des Réunionnais. Cela est vrai également pour le logement social. Sans les aides publiques financées par les salariés via la CAF, il serait impossible pour une personne relevant de l’aide sociale d’accéder à un logement social compte tenu du prix des loyers.
Une remise à plat s’impose donc, en fixant une priorité : proposer des logements adaptés aux revenus des Réunionnais. Mais pour une telle évolution, un changement de cadre s’impose avec que la compétence du logement relève directement des personnes concernées, et non pas de mesures décidées depuis Paris.

M.M.

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Messages

  • Tout ça à cause de la surrémunération où aucun élu n’ait eu le courage de prendre cette injustice à bras le corps.

    Beaucoup sont dans cette situation, dans leur tête, ils ne vont pas couper la main qui leur nourrit.

    On a les élus qu’on mérite, le reste devient que de la parlote pour combler un article

    Amen !


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