Vie chère

Carburants : à la merci de la spéculation internationale

6 novembre 2007, par Manuel Marchal

La forte appréciation de l’euro par rapport au dollar permet d’amortir la hausse du prix du pétrole. Il suffit que s’inverse cette tendance pour que le prix du pétrole exprimé en euro augmente de manière significative, entraînant dans son sillage une hausse importante des prix des carburants et d’autres produits.

Le 30 octobre dernier, la Préfecture a annoncé les nouveaux prix maximums en vigueur à La Réunion pour les carburants : 1,38 euro le litre pour le super (-0,72%), 1,04 euro pour le gasoil (+1,96%) et 19,79 euros la bouteille de gaz (+1,70%).
Selon la Préfecture, trois facteurs expliquent « la relative faiblesse des variations par rapport au trimestre précédent : la cotation de l’euro par rapport au dollar, l’accalmie passagère des cours du brut en août, l’absence d’importations référencées en septembre ».
Parmi ces trois facteurs, c’est le premier qui joue le rôle le plus important. Ce qui veut dire que si l’euro se déprécie par rapport au dollar, la facture sera beaucoup plus lourde, pour de nombreux produits.
Un dollar valait hier 0,69 euro. Jeudi, le prix du baril de pétrole a franchi les 96 dollars. Hier, les cours se situaient aux alentours de 95 dollars. Les analystes prévoient un prix à plus de 100 dollars dans les semaines qui viennent, et constatent une hausse de plus de 50% depuis le début de l’année.
En euro, le prix du baril de pétrole est donc égal à 65,65 euros sur la base d’un euro à 1,45 dollar. Or, cette parité euro/dollar est fluctuante. Le 26 octobre 2000, l’euro atteignait un cours plancher : 0,86 dollars. Au moment de sa mise en circulation le 1er janvier 2002, un dollar valait 0,9 euro. Ce n’est que depuis fin 2003 que l’euro a dépassé en valeur le dollar pour atteindre aujourd’hui le cours que nous connaissons.
Dans le contexte actuel, le prix du pétrole augmente, du fait de la raréfaction de cette source d’énergie, cela va durer. Alors, si le pétrole augmente, et si la spéculation déprécie la valeur de l’euro par rapport au dollar, alors le prix des carburants ne pourra que s’envoler. Si l’euro revient à son niveau de 2003, c’est à dire environ un dollar, alors sur la base d’un baril à 95 dollars, il faudra alors débourser 95 euros, soit près de 50% d’augmentation !
Et si l’euro revenait à son cours plancher de 2000, soit 0,86 dollar pour un euro, le prix du baril augmenterait dans des proportions encore plus considérables : de 65,65 euros aujourd’hui à 115 euros, soit près du double.
Un tel doublement par le simple jeu de la spéculation sur les marchés financiers ne pourrait qu’avoir de graves répercussions sur le prix de tous les produits.
La protection offerte par la forte appréciation de l’euro par rapport au dollar est donc bien relative. Par contre, les principaux facteurs qui poussent le pétrole à la hausse, à savoir l’approche de la fin des réserves, la hausse de la demande et l’instabilité politique au Moyen-Orient sont des facteurs qui vont durer. Autrement dit, il suffit d’une secousse sur un marché financier pour voir le prix des carburants, et à partir de là ceux de nombreux autres produits, s’envoler. Libérer La Réunion de sa dépendance énergétique est donc plus que jamais une nécessité.

Manuel Marchal

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