Prix des carburants

Faire la transparence sur toute la filière

4 septembre 2007, par Manuel Marchal

L’étude de la formation des prix des carburants doit s’envisager au-delà des données disponibles uniquement pour La Réunion. Il est important de connaître tous les coûts, depuis l’extraction de la matière brute en passant par son raffinage afin de réfléchir à des pistes pouvant atténuer l’impact d’une hausse inéluctable du pétrole.

(photo Toniox)

Hier s’est réunie la Commission chargée d’étudier le prix des carburants dans le cadre de l’Observatoire des prix et des revenus. C’est un sujet sensible car les hydrocarbures sont aujourd’hui l’énergie utilisée pour les déplacements.
Les frais des transporteurs sont donc répercutés sur les prix des marchandises payées par les Réunionnais. Ils constituent également une part importante du budget consacrés aux déplacements pour aller travailler ou rechercher un emploi.
Deux projets impulsés par la Région ont pour but de réduire cette dépendance. Tout d’abord le tram-train qui vise à proposer une alternative adaptée à la réalité de notre île concernant les déplacements dans les zones les plus densément peuplées. Un tram-train qui fonctionnera à l’électricité, pas au pétrole, ce qui réduira d’autant la facture pétrolière de La Réunion. Ensuite, le PREURE qui a comme objectif d’atteindre de produire en 2025 la totalité de l’électricité à partir des énergies renouvelables présentes en abondance à La Réunion.
Mais dans la situation actuelle, l’île paie le prix du tout-automobile. Comment faire pour que dès à présent la facture pétrolière se réduise ?

Rechercher en amont

Lors de sa dernière conférence de presse, la Parti Communiste Réunionnais était revenu sur la création de la Commission "Carburant" de l’Observatoire des prix et des revenus. Pour le PCR, les travaux de cette commission ne doivent pas se limiter à étudier la formation des prix uniquement à partir de données relatives aux mécanismes en place à La Réunion, autrement dit, entre le carburant débarqué sur le quai du port et le prix payé à la pompe.
Il est tout aussi important d’obtenir des données sur le coût de l’extraction, du raffinage, du transport d’un produit déjà raffiné sur des milliers de kilomètres. Ce sont autant de paramètres qui influent sur ce que paient les Réunionnais.
Il ne faut pas non plus négliger une tendance mondiale : l’épuisement des réserves, la hausse de la demande et l’instabilité politique des régions abritant les plus importants gisements de pétrole se conjuguent pour tirer le prix du pétrole brut à la hausse. Quand aujourd’hui le prix du pétrole brut dépasse 70 dollars le baril, c’est exceptionnel. Cette exception sera demain la norme.
À partir de là, et dans l’attente de la diffusion d’énergies alternatives pour les déplacements des marchandises sur notre île, comment atténuer cet impact ?

Localiser l’industrie de transformation

Aller plus loin, c’est imaginer des solutions nouvelles qui remettent en cause une situation conduisant à l’impasse. Des solutions prenant appui sur les atouts de La Réunion comme le sont le tram-train et le PRERURE.
Au-delà de la transparence sur la formation des prix du carburant entre son importation à La Réunion et la facture payée par le Réunionnais, n’existe-t-il pas une piste pour faire baisser le prix de la matière importée, et de répercuter cet acquis sur le produit distribué ?
Parce que La Réunion n’a pas de raffinerie, elle est obligée de faire venir par bateau un produit déjà raffiné dans une usine distante de plusieurs milliers de kilomètres. De par son coût économique et environnemental, il est bien difficile d’imaginer la création d’une raffinerie à La Réunion. Par contre, en se plaçant à l’échelle régionale, les données changent.
Le Sud-Ouest de l’Océan Indien va connaître une très forte augmentation de la population. Et dans une vingtaine d’années, Madagascar comptera 40 millions d’habitants. Ce pays a un potentiel considérable en matière d’émergence de filière industrielle. Dans ces conditions, ne peut-on pas y faire fonctionner une raffinerie capable de couvrir tous les besoins des pays de la région ? Ceci aurait pour conséquence de réduire à moins de mille kilomètres la distance de transport du produit raffiné, tout en favorisant le développement d’une filière industrielle dans un pays émergent avec lequel La Réunion entretient des liens de co-développement.
C’est une autre manière de voir les choses, elle implique de faire vivre une idée : le développement de La Réunion ne pourra pas se faire sans celui des autres peuples de la région.

Manuel Marchal

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