Des écarts de prix excessifs entre Réunion-métropole

Le pouvoir d’achat des Réunionnais doit être la priorité

31 octobre 2007, par Edith Poulbassia

Dans un rapport que le Collectif des associations doit rendre au Préfet, les prix locaux sont une fois de plus pointés du doigt. Plus de 50% d’écart entre un panier de produits achetés en métropole ou à La Réunion.

Le “panier de la ménagère” devrait être l’un des thèmes des prochains groupes de travail, après un rendu sur le foncier, l’aérien et le carburant. Alors Jean-Hugues Ratenon, le porte-parole du Collectif et René Junker, ancien directeur de la répression des fraudes, font part de leurs préconisations pour la suite des travaux de l’OPR. Pour qu’il ne devienne pas un “gadget”.

La première séance plénière de l’Observatoire des prix et des revenus approche à grands pas. Ce sera semble-t-il le 29 novembre. Plus qu’un mois, donc, pour les groupes de travail sur les prix des carburants, du transport aérien et du foncier, avant de formuler les propositions qui devront être validées puis transmises au gouvernement. Mais à cette réunion, l’OPR devra aussi se prononcer sur un rapport commandé par le Préfet. Celui concocté par le collectif des associations, présidé par Jean-Hugues Ratenon. Un peu comme une compensation, le Préfet a donné la possibilité au collectif de « fixer les sujets prioritaires et d’avancer des propositions d’action », alors même que le collectif n’est pas représenté au sein de cet observatoire. L’installation de l’OPR en juillet dernier désignait en effet les membres à siéger. Et la loi, justifiant le représentant de l’État, ne permettait pas « dans l’immédiat », d’y associer le Collectif qui avait pourtant fait preuve d’un « engagement déterminé », durant 7 ans, pour la création de l’OPR.
Ce rapport d’une quinzaine de pages, le Collectif a tenu à en communiquer le contenu au public. « La population doit être au courant de nos travaux et des demandes que nous allons exprimer », souligne Jean-Hugues Ratenon. C’est notamment une étude qui n’a rien de scientifique, mais qui a le mérite d’établir une comparaison concrète des prix dans les grandes surfaces, ici à La Réunion, et entre la métropole et notre île. On savait que les prix étaient plus élevés qu’en métropole, mais sur une même liste de produits, l’écart est considérable : plus de 50% de différence entre La Réunion et la métropole, et ce, quel que soient les enseignes, assure le Collectif. Voilà la vraie préoccupation de la population, des ménages les plus modestes surtout. Et c’est sur ce sujet que l’OPR devrait en priorité s’attarder, estime le Collectif.
Des études sur le pouvoir d’achat ne manquent pourtant pas, mais force est de constater que les statistiques souvent restent éloignées de la situation vécue par les ménages. Pour le collectif, « il est urgent de définir un nouvel indicateur capable de mesurer le pouvoir d’achat effectif du consommateur réunionnais par type de foyer : actif, inactif, retraité, propriétaire, accédant à la propriété, locataire,... », bref en tenant compte d’un certain nombre de paramètres qui fait que l’impact des prix sur le budget des ménages n’est pas le même pour tous. Un élément qui mène obligatoirement à la question des revenus, question tout aussi délicate. De plus, l’indicateur calculé par l’Insee considèrent les dépenses « subies » par les ménages comme les autres postes de dépenses, c’est-à-dire pour lesquels « la capacité d’arbitrage des ménages est réduite, que ce soit en terme de choix ou de prix ».


Offrir un réel pouvoir d’investigation à l’OPR

Dans ce rapport, le Collectif affiche clairement son « sentiment de frustration » en ce qui concerne les débuts de l’OPR. « En dépit d’une gestation longue et difficile et du recours au forceps, le décret du 2 mai 2007 relatif à la création d’un observatoire des prix et des revenus ne répond pas à nos attentes », explique le collectif. Pour aider à faire de l’OPR un « élément essentiel d’égalité sociale entre nos citoyens », et non « une coquille vide », il préconise de revoir les thèmes à traiter (« les préoccupations immédiates sont le pouvoir d’achat au quotidien »), et de doter l’OPR d’un réel pouvoir d’investigation, grâce à des moyens financiers, humains et juridiques.
« Il n’est pas inutile de rappeler que depuis l’entrée en vigueur de l’ordonnance du 1er décembre 1986, à l’exception de quelques rares produits et services (produits pétroliers, pharmaceutiques, taxis, livres, etc) les entreprises peuvent librement déterminer leurs prix, leurs marges et leurs conditions de vente, précise le Collectif. Sauf intervention dans le cadre d’une enquête de pratique anticoncurrentielle, les agents de la répression des fraudes ne peuvent exiger des entreprises la communication d’éléments de structures de coûts. Les agents de l’Insee sont encore plus démunis juridiquement ».
Pour favoriser l’émergence d’une saine concurrence au sein de l’économie réunionnaise, le Collectif préconise la création de “brigades spécialisées”, comme en métropole, en Martinique, Guadeloupe et Guyane pour mieux contrôler les infractions au code des marchés publics ainsi que les pratiques anticoncurrentielles, les monopoles, les marges.
René Junker, ancien directeur de la répression des fraudes, qui a également fait partie de l’ancien observatoire créé en 1996, demande à ce que l’OPR effectue un travail d’analyse des études déjà réalisées, afin de s’en inspirer et surtout de tirer les leçons de cette première expérience d’un observatoire des prix et des revenus.
Enfin, la transparence sur les travaux de l’OPR est un souhait depuis longtemps exprimé par le Collectif. Il propose la diffusion d’une plaquette d’information à destination de la population, pour mieux expliquer les choix des sujets traités, les méthodes, les moyens et les résultats des travaux.
Pour le collectif, l’OPR doit être en mesure de proposer des solutions pour « modifier les dysfonctionnements constatés au sein du tissu économique local », d’être une force de propositions pour l’orientation de la politique publique. Ce qui n’est pas le cas pour le moment. Franchises médicales, TVA sociale, bref mesures inflationnistes menacent la Réunion au même titre que la métropole.

Edith Poulbassia


L’OPR dans les autres DOM

A La Réunion, l’installation de l’OPR a suivi assez rapidement le décret de création du 2 mai 2007. Et dans les autres Dom et à Mayotte ? L’empressement n’est pas le même. À ce jour, il semble que la Guadeloupe soit le seul à avoir installé son Observatoire des prix et des revenus. Cette réunion de lancement a eu lieu il y a quelques jours seulement, le 18 octobre à la préfecture de Basse-Terre. Les thèmes qui ont été évoqués sont la connaissance, la transparence, la participation et la publication des informations sur les prix. « Un rapport annuel devrait émaner de ce dispositif qui devrait être divisé en groupes de travail », peut-on lire sur le site Internet du député de le première circonscription de Guadeloupe, Eric Jalton. Ces groupes sont les suivants : prix du carburant, surcoûts entre la Guadeloupe et les îles du sud, entre le département et le reste de la France hexagonale.

EP


L’Insee propose de calculer son « indice des prix personnalisé »

Parce que chaque ménage ne consomme pas les mêmes produits, et que le consommateur “moyen” n’existe pas, l’Insee propose depuis quelques mois à chacun la possibilité de calculer son propre indice des prix à la consommation, en métropole et en Outre-Mer. « Chaque ménage a sa propre structure de consommation, qui diffère plus ou moins de la structure générale : le loyer absorbe une part plus importante du budget des ménages locataires, les dépenses de santé pèsent en général plus lourd dans celui des personnes âgées et les dépenses de tabac dépendent de la présence de fumeurs dans le ménage. La hausse des prix à laquelle vous êtes personnellement confronté dépend donc de ce que vous achetez : si vous consommez beaucoup d’un produit dont le prix augmente plus que la moyenne, votre inflation individuelle sera plus élevée que l’inflation moyenne », explique l’Insee. Pour accéder au simulateur d’indice des prix, il suffit de se connecter au site Internet de l’Insee. L’indice mesure l’évolution des prix d’un ensemble de produits et de services.

EP

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