La fin des emplois d’avenir

Toujours aucune solution pour près de 1.500 jeunes licenciés cette année à La Réunion

10 septembre 2016, par Manuel Marchal

Au lendemain d’un discours de François Hollande s’apparentant à un lancement de campagne électorale, la Fédération socialiste est entrée hier dans la danse en cherchant à être la meilleure avocate d’un chef de l’État qui bat des records d’impopularité. Les chiffres sont pourtant têtus, car le nombre de demandeurs d’emploi a augmenté depuis 2012. De plus, une bombe est en train d’éclater, car près de 1500 jeunes qui ont cru aux promesses du gouvernement perdent leur emploi cette année, car les emplois d’avenir arrivent à échéance. Pourquoi le gouvernement a-t-il refusé un amendement de Paul Vergès demandant leur prolongation ?

Signatures de contrats emplois d’avenir par une ministre de passage à La Réunion au début du mandat de François Hollande.

Jeudi à Paris, François Hollande a prononcé un discours sur le thème de la démocratie face au terrorisme. Pour de nombreux observateurs, le chef de l’État avait plutôt adopté le registre d’un candidat lançant sa campagne électorale. Au lendemain de ce discours, la Fédération socialiste tenait hier une conférence de presse pour soutenir le bilan du gouvernement. À en croire les amis de Gilbert Annette, le chômage a reculé à La Réunion et l’égalité réelle ouvre de grandes perspectives. Cette vision des choses ne correspond pas à la réalité.

En effet, le bilan du gouvernement n’est pas fameux. Le président de la République bat des records d’impopularité. Même Emmanuel Macron, son ex-ministre de l’Économie qui l’a lâché à 7 mois des élections, semble avoir une meilleure image à en croire un sondage récent. Depuis que François Hollande a assumé le virage vers le « social-libéralisme », sa majorité s’est réduite. Les Verts et les communistes sont partis. La démission d’Emmanuel Macron marque le départ de l’aile droite du PS du gouvernement. À 7 mois du scrutin, François Hollande est affaibli. Si le bilan était bon, de telles divisions seraient-elles survenues.

Démission de la ministre des Outre-mer

À cela s’ajoute la démission de George Pau-Langevin, ministre des Outre-mer, qui avait aussi la responsabilité de présenter le projet de loi sur l’égalité réelle. À un mois du débat parlementaire sur ce texte, son départ brutal interpelle. George Pau-Langevin a choisi de renoncer à ce qui aurait été sans doute le temps le plus fort de sa carrière politique. La loi sur l’égalité réelle aurait en effet pu s’appeler Loi Pau-Langevin. Son nom aurait donc marqué le texte le plus important pour l’outre-mer depuis 70 ans. Ce départ a-t-il un lien avec la manière dont le dossier « égalité réelle » est géré au plus haut sommet de l’État.

Pour La Réunion, les données de Pôle emploi sont très clairs. En juin 2012, premier mois complet d’exercice du pouvoir pour François Hollande, le nombre de demandeurs d’emploi était de 155.420 personnes. En juillet 2016, 178.990 Réunionnais étaient inscrits à Pôle emploi. Cela fait donc une augmentation de plus de 20.000 personnes. Comment peut-on alors dire que le chômage recule, alors que sur la même période, le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi ?

L’espoir trahi

Pourtant, le gouvernement a mis des moyens financiers pour que ces chiffres puissent avoir une tournure. Plus de 4.000 jeunes ont signé un contrat emploi d’avenir. En août 2014, le président de la République avait pris l’engagement de payer 90 % du salaire net d’un jeune employé dans le public. À charge pour l’employeur de payer le reste du salaire pour qu’il atteigne au moins le SMIC, ainsi que les cotisations sociales et fiscales.

Au début du mandat de François Hollande, les emplois d’avenir étaient une vitrine de l’action gouvernementale : pas un passage de ministre sans la signature par ce dernier de plusieurs contrats. Avec une telle médiatisation, des jeunes ont pris espoir. Ils se sont fortement investis dans leur activité. Mais cette année, les premiers contrats signés arrivent à échéance. Au bout de trois ans, rien n’est prévu.

Le 9 juin dernier, le sénateur Paul Vergès avait déposé un amendement dans le cadre du débat sur la loi Travail. Le texte demandait notamment ceci : « en Guadeloupe, en Martinique, en Guyane, à Mayotte et à La Réunion, l’échéance des contrats d’avenir est repoussée de trois ans. L’exposé des motifs précisait que : « en l’état actuel, ces jeunes ne trouveront pas d’emploi. Il s’agit d’éviter les dérives connues lors de la fin du dispositif « emplois jeunes ». En effet, toutes les études ont montré l’importance de la préparation de la sortie du programme lorsqu’il n’y a pas, et c’est le cas le plus fréquent, d’intégration chez l’employeur. Dans le but de préparer une issue à ces contrats, il est proposé de les prolonger de trois ans ».

Mais le gouvernement n’a pas voulu de cette proposition, car il ne l’a pas incluse dans le texte final voté par les députés. Pour près de 1,500 jeunes dès cette année, c’est la catastrophe, l’espoir trahi.

M.M.

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