Un bilan intense et des perspectives de lutte pour la CGTR

« Une crise qui s’accélère et s’installe durablement au sein de notre société »

24 janvier 2013

À l’occasion d’une conférence de presse, la confédération générale du travail de La Réunion (CGTR) a rappelé son bilan 2012 et ses perspectives, dans « une crise qui s’accélère et s’installe durablement au sein de notre société », a introduit Ivan Hoareau, secrétaire général du syndicat.

Parmi les dossiers cités par le syndicat, l’urgence sociale, la vie chère et la conférence économique et sociale en ce qui concerne La Réunion, mais aussi le bilan de François Hollande, l’accord sur le marché du travail rejeté par le syndicat et la représentativité de la CGT/CGTR auprès des salariés du privé et du public.

L’irresponsabilité du patronat

Ivan Hoareau a rappelé la proposition du syndicat de créer une cellule de crise afin de « faire face à la crise » pour pouvoir « prendre des mesures d’urgence. Cette cellule devait établir un filet de protection pour éviter les licenciements secs et accompagner les personnes licenciées ». À la place, les autorités ont mis en place un Haut Conseil de la Demande Publique (HCDP), dans lequel la CGTR possède un siège, « la revendication n’a pas été entendue, toutefois le HCDP est une déclinaison de la cellule que nous voulions », a précisé Ivan Hoareau.

Face à l’urgence, « il y a eu des décideurs qui ont fait des projets en ignorant le court terme », a expliqué le secrétaire général, qui pointe « l’irresponsabilité du patronat, qui dit que c’est la faillite, alors que nous disons qu’il y a des difficultés. Il ne faut pas cacher la responsabilité du patronat dans la crise actuelle », a précisé ce dernier.

La prime COSPAR

Le syndicaliste a rappelé la position du patronat suite aux manifestations du COSPAR de 2009, qui « voulait verser 50 euros, en contrepartie de remettre en cause les négociations salariales ». La prime est un dispositif de rattrapage pour les bas salaires, mais « par la suite, le patronat a bloqué les salaires, et contrairement à ce qui a été dit, la prime COSPAR n’a pas plombé l’économie ».

Concernant les Très-Petites-Entreprises (TPE), la CGTR a dénoncé la mobilisation du Collectif des TPE, qui est « irresponsable, car il demande des exonérations à tout va des cotisations sociales. Il s’agit là d’une remise en cause de la question salariale et du modèle sociétal ». Pour les syndicalistes, « ces revendications patronales reposent sur l’idée que le coût du travail est plus important à La Réunion, qu’à Madagascar, alors on exonère, remettant en cause notre système social ».

« La bataille continue »

Plusieurs dossiers attendent la CGTR cette année, parmi lesquels la gestion des contrats aidés, la bataille pour l’emploi et les salaires, avec la politique des revenus et « notre revendication de 1.700 euros par mois », ensuite l’accord sur le marché du travail. D’autres points ont été évoqués par Ivan Hoareau qui a appelé à l’unité des syndicats dans un contexte économique et social de crise « qui s’accélère et s’installe durablement ». « L’unité est incontournable avec les organisations syndicales, car il faut mettre en place des stratégies, des principes et des combats, ce n’est pas une question conjoncturelle », a expliqué le secrétaire général de la CGTR. Cette unité servira la « campagne de clarification » que va lancer la CGTR afin « d’informer les salariés » sur la situation et « pour faire face à l’union du patronat », a indiqué Max Banon. L’objectif du syndicat sera également un retour vers les « valeurs du syndicalisme » et inciter les salariés à se syndiquer pour faire face au patronat, ont expliqué les syndicalistes.

Les parlementaires interpellés

La feuille de route du syndicat sera évoquée lors des réunions de la commission exécutive (élue par le Congrès), le 4 février, puis celle du conseil de confédération (ensemble des secrétaires généraux), qui lanceront également les batailles à venir. L’une d’elles concerne la sauvegarde de l’emploi suite au projet de loi sur le marché du travail, qui « précarise l’emploi, rend le marché du travail plus flexible et s’avère être un contrat gagnant-perdant ».

« Nous allons contacter l’ensemble des parlementaires réunionnais pour qu’ils ne votent pas ce projet de loi, car le Parlement ne peut pas être une simple chambre d’enregistrement », a indiqué Ivan Hoareau.

Pour conclure ce point presse, Ivan Hoareau a précisé que « la bataille continue. Il faut que nous soyons présents, car la situation va se dégrader. La politique d’austérité ne va pas servir à relancer la croissance, mais plutôt la freiner notamment avec les attaques des marchés financiers du fait de décision politique ».

Céline Tabou

Bilan de François Hollande : « un avis très critique »

•  « La CGTR avait dit, pour la salubrité publique, qu’il fallait virer Nicolas Sarkozy, mais cela n’est pas un chèque en blanc pour François Hollande », a déclaré Ivan Hoareau. Le gouvernement « passe la pommade pour faire passer ce qui ne va pas », a indiqué ce dernier, en ajoutant qu’il était « trop tôt pour être définitif, mais les informations ne vont pas dans le bon sens » . Sur le projet de loi contre la vie chère de Victorin Lurel, ministre des Outre-mer, Ivan Hoareau a expliqué qu’elle « est ce qu’elle est, mais ne règlera pas les problèmes de vie chère. Tout n’est pas à rejeter, mais cette loi ne va pas résoudre la crise ». Le syndicaliste a dénoncé la « perméabilité du gouvernement » face au patronat et au lobbying, prenant pour exemple, le récent accord sur le marché du travail, qui n’a pas été signé par la CGT. Évoquant également, le Traité de stabilité européen et la règle d’or, qui sont deux dispositifs austères. Concernant « le protocole social (celui-ci-ndlr) n’a rien changé, car nous allons vers une ligne politique de moins en moins social-démocrate mais social-libérale », a conclu Ivan Hoareau.
La représentativité de la CGT/CGTR

• Ivan Hoareau s’est félicité du positionnement de la CGT/CGTR dans le secteur privé et les entreprises de plus de 11 salariés, « c’est une victoire sans appel ». En dépit « de la volonté de mettre en place un politique réformiste, ils l’ont dans le baba », a indiqué Ivan Hoareau. À La Réunion, la CGTR a récolté 44,30% des voix soit plus de 18 points que la CFDT, avec 26,18%. « Cette fierté nous renvoie vers nos responsabilités », d’autant plus que la situation économique et sociale qui compte à La Réunion 30% de chômage, 49% de la population sous le seuil de pauvreté et une précarisation de l’emploi. « Il existe une force militante à La Réunion, nous avons nos adhérents et cette force que n’ont pas d’autres syndicats. Nous ne sommes pas comme les autres, nous avons des adhérents une capacité à mobiliser qui est l’essentiel de notre victoire », a souligné Ivan Hoareau. Ce dernier a rappelé que des élections allaient être organisées dans le secteur privé, car en vertu de la loi du 20 août 2008, une élection syndicale dure quatre ans (du 1er janvier 2009 au 31 décembre 2013). « Nous serons globalement, le 31 décembre quelle est la représentativité des syndicats en France et à La Réunion », a précisé le syndicaliste.
Mobilisation élargie pour la prime COSPAR et le RSTA 

• Ivan Hoarau a rappelé la position de la CGTR dans les échanges à la Préfecture dans le cadre de la Conférence économique et sociale, de décembre 2012. « On a eu une gomme à liste, et malgré les avertissements, le gouvernement est passé en force », a-t-il indiqué. « Nous savons que cette conférence ne sert à rien », a dénoncé le secrétaire général de la CGTR. En réponse à cette conférence, le syndicaliste a rappelé les pétitions déposées par les syndicats, l’Alliance des Réunionnais Contre la Pauvreté (ARCP) et le Parti Communiste Réunionnais. L’ensemble des formations a réuni près de 8.000 signatures afin de demander le maintien de la prime COSPAR et du RSA. 
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