L’important n’est pas de gagner mais de participer, mais tout le monde n’a pas le droit de participer

JO Paris 2024 : fidèle reflet des inégalités du monde causées par la colonisation et le capitalisme

12 août 2024, par Manuel Marchal

Les Jeux Olympiques 2024 attribués à Paris se sont clôturés hier. Ces trois semaines de compétitions sportives ont rappelé les inégalités dans le monde. Cela s’est traduit par le nombre d’athlètes invités dans les délégations avec un très net déséquilibre en faveur de l’Occident. Cet événement à 9 milliards d’euros a reflété les inégalités du monde causées par le capitalisme et la colonisation. Il a illustré un vieux système à bout de souffle, déjà dépassé par la dynamique d’une nouvelle ère entraînée notamment par les BRICS.

L’important est de participer : c’est une valeur de base du sport et donc des Jeux olympiques. Mais favoriser la participation du plus grand nombre d’athlètes originaires du plus grand nombre de pays n’a pas été la priorité de Paris. L’argent était là, en abondance : 9 milliards d’euros de budget selon la Cour des comptes. Paris 2024 aurait pu être une parenthèse dans un monde d’inégalité, cela n’a malheureusement pas été le cas. Cela relativise le mot d’ordre d’une grande fête mondiale de la jeunesse.
Capitalisme et colonisation sont à l’origine d’un monde très inégalitaire. Environ 20 % de la population mondiale se situe dans des pays vieillissants. Ces 20 % bénéficient d’un niveau de confort sans précédent depuis le début de l’humanité grâce au travail de 80 % des êtres humains. Cette écrasante majorité du monde vit dans des pays où la jeunesse, c’est-à-dire les moins de 30 ans, constituent au moins 50 % de la population.

Effectifs des délégations sans aucun lien avec la réalité démographique du monde

Cette inégalité se reflète dans les effectifs des différentes délégations. Les médias diffusent des classements : nombre de médailles et de médaillés par pays et aussi en fonction du nombre d’habitants par pays. Mais un classement est absent pour le moment : le résultat des athlètes en fonction du nombre de membres de chaque délégation. Statistiquement, un pays fort de plusieurs centaines de participants va forcément remporter plus de médailles qu’un autre qui a moins de dix athlètes invités. L’effectif d’une délégation ne dépend pas de la population du pays, mais de son patrimoine. En Occident, ce patrimoine découle de plusieurs siècles de pillages d’exploitation du monde par la colonisation de l’Afrique, de l’Asie, de l’Amérique et de l’Océanie. A cela s’ajoutent les effets du capitalisme, qui s’est développé à partir de l’Occident. L’Occident est composé de pays vieillissants. La jeunesse y est devenue minoritaire. Pourtant, les Occidentaux présentaient les délégations les plus fournies, à l’exception de la Chine, sans aucun rapport avec la réalité démographique du monde.
Alors que la France équivaut à une simple province en Chine, la délégation chinoise comptait 405 athlètes, contre 571 pour celle de la France qui avait dans ses rangs également des Réunionnais et d’autres représentants d’anciennes colonies intégrées à la République française.

571 participants sous pavillon français, 327 athlètes britanniques, 14 Réunionnais et 7 Malgaches

Une comparaison très simple illustre l’inégalité.
Madagascar compte 31 millions d’habitants, dont 21 millions ont moins de 30 ans, et 7,6 millions un âge compris entre 15 et 30 ans. Mais seuls 7 athlètes ont représenté Madagascar dans quelques disciplines.
La France compte 68 millions d’habitants, dont 23,3 millions ont moins de 30 ans, et 11,7 millions entre 15 et 30 ans. 571 athlètes ont représenté la France dans toutes les disciplines. Certes, les JO avaient lieu en France. Mais ceci ne suffit pas à expliquer que la délégation sous pavillon français était plus de 80 fois plus importante que celle de Madagascar.
Autre pays d’outre-mer, le Royaume-Uni, est peuplé par 65 millions d’habitants, dont 24 millions ont moins de 30 ans, et 12 millions entre 15 et 30 ans. Aux JO de Paris, la délégation du Royaume-Uni avait 327 participants dans 27 disciplines, soit 46 fois plus que la délégation malgache.
La Réunion a une population inférieure au tiers de celle de la plus grande ville de l’océan Indien, Antananarivo. Cela équivaut à 2 ou 3 quartiers de cette capitale. Il est donc à noter qu’avec moins de 900.000 habitants, dont seulement 260.000 ont moins de 30 ans et 167.000 entre 15 et 30 ans, La Réunion avait, au sein de la délégation française, 14 représentants, soit 2 fois plus que Madagascar.

Pourquoi n’avoir pas consacré 10 % du budget à la solidarité avec les sportifs des pays en développement ?

La communication autour de ces JO a souligné l’ampleur des dépenses pour organiser ces Jeux en France : 9 milliards d’euros. Sur ce point, le principal débat est de savoir combien cette manifestation coûtera aux contribuables. Puis vient celui sur le devenir des infrastructures construites à grands frais.
Mais une autre question n’est jamais posée. Pourtant, elle concerne la base même de l’esprit des Jeux olympiques : l’important n’est pas de gagner mais de participer.
La France a obtenu l’organisation des JO en 2017. Pendant 7 ans, elle a dépensé 9 milliards d’euros pour cette manifestation de trois semaines.
Officiellement, le faible nombre d’athlètes de pays en développement s’explique par un manque de participants suffisamment performants. Le manque d’infrastructures et de budget pour le sport sont les principales causes avancées.
Si la France avait été fidèle à son mot d’ordre de « Patrie des Droits de l’Homme », elle aurait dû consacrer une partie de cette somme pour contribuer à remédier à ces causes. Si seulement 1 milliard d’euros avaient servi à cette noble tâche, nul doute que le nombre de participants des pays en développement aurait été bien plus élevé. Ce milliard ne représentait qu’un peu plus de 10 % de l’argent dépensé pour l’organisation de ces trois semaines.
Mais cela n’a pas été le cas.
Ainsi, les JO de Paris 2024 ont été un fidèle reflet des inégalités causées par la colonisation et le capitalisme. C’est l’illustration d’un vieux système à bout de souffle, déjà dépassé par la dynamique d’une nouvelle ère entraînée notamment par les BRICS.

M.M.

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