Le Patrimoine mondial victime de l’inefficacité de Didier Robert et du refus du gouvernement d’appliquer la solidarité nationale

Où est le Dash 8 ?

29 octobre 2011, par Manuel Marchal

L’an dernier, trois rotations avaient suffi pour que le Dash 8 stoppe l’incendie du Maïdo. Aujourd’hui, la superficie ravagée est deux fois plus importante, mais le bombardier d’eau n’est pas là. Pendant que l’État publiait hier deux communiqués donnant deux versions successives pour expliquer l’absence de ce moyen de lutte contre les incendies, les Réunionnais pouvaient constater la totale inefficacité de Didier Robert. À quoi cela sert-il d’être un ami de Sarkozy si on est incapable d’exiger l’application de la solidarité nationale pour défendre les intérêts de son pays ?

Alors que le feu a déjà dévoré une superficie deux fois plus importante que l’année dernière, une seule question préoccupe : qu’attend l’État pour mettre en ligne un bombardier d’eau capable de stopper la progression des flammes. Plus de 1.500 hectares ont déjà été touchés dans les hauts de l’Ouest et le gouvernement confirme bien qu’il refuse aux Réunionnais ce moyen de lutte contre l’incendie, c’est ce que montre l’absence de toute référence au bombardier d’eau dans deux communiqués de deux ministres : Marie-Luce Penchard à l’Outre-mer, et Nathalie Kosciusko-Morizet à l’Écologie.
En France ou en Corse, pareil scandale serait inconcevable. Personne ne pourrait imaginer que des bombardiers d’eau ne soient pas mobilisés pour lutter contre des feux de forêt qui se propagent durant l’été dans l’hémisphère Nord. Alors pour justifier le refus de la solidarité nationale, le gouvernement met en avant des arguments techniques bien curieux, et peut compter sur Didier Robert pour ne pas agir. Durant cette crise, le président de Région montre bien toute son inutilité, à quoi cela sert-il d’être un ami de Sarkozy si on est incapable de lui demander d’appliquer la solidarité nationale pour sauver ce qui reste du Patrimoine mondial à La Réunion ?

Des arguments techniques incroyables

Sentant le mécontentement monter dans la population, les services de l’État ont donc publié hier deux communiqués pour justifier l’absence du Dash 8.
À 10h57, la Préfecture affirme par écrit que le Dash 8 n’aurait qu’une utilité limitée car il ne pourrait utiliser que de l’eau contre les flammes. Si la situation n’était pas aussi grave, cet argument aurait fait rire.
C’est sans doute parce que les représentants de l’État s’en sont rendu compte qu’ils ont fait publier un deuxième communiqué huit heures plus tard. Cette fois-ci ce n’est plus l’eau qui pose problème mais l’altitude et le relief accidenté.
Là aussi, cette affirmation ne tient pas la route car l’an dernier, le Dash 8 était intervenu dans le même secteur, à moins que ce bombardier d’eau soit devenu subitement un vieux coucou, l’UMP aurait-il donc le pouvoir de faire régresser les performances techniques d’un avion ?

M.M.

En 2010, le Dash 8 éteint l’incendie avec de l’eau

En 2011, le Dash 8 a une utilité limitée avec de l’eau !

À 10h57, la préfecture insiste sur l’efficacité limitée du Dash 8 avec de l’eau dans ses soutes :

« Le Dash est un avion bombardier d’eau lourd. Son action consiste à larguer des barrières de 10 tonnes de produit retardant (produit permettant de multiplier par 10 le pouvoir d’extinction de l’eau et qui évite la reprise du feu). Ce produit retardant est chargé dans des aéroports disposant d’infrastructures adaptées (les pélicandrômes). La Réunion ne dispose pas de pélicandrômes avec retardant. Le Dash 8 ne pourrait que ravitailler et larguer de l’eau. Son utilité serait limitée. C’est d’ailleurs le bilan dressé après son emploi au Maïdo en 2010 ».

Comme le montre cet article du "Quotidien" datant de l’an dernier, c’est avec de l’eau dans ses soutes que le Dash 8 a éteint l’incendie. Le plein était fait à l’aéroport de Gillot, donc pas besoin de "pélicandromes", un simple robinet et une lance suffisent.

En 2010, le Dash 8 évolue bien au-dessus du Maïdo

En 2011, le Dash 8 inadapté à des largages en altitude !

À 18h58 : la préfecture publie un communiqué remettant en cause l’utilité du Dash 8 au dessus de 1.800 mètres

« Le bilan dressé après l’emploi du Dash au Maïdo en 2010 a fait apparaître les limites de son emploi :

- appareil peu maniable compte tenu de son gabarit, le Dash 8 ne peut pas procéder à des largages de précision dans des zones montagneuses accidentées, contrairement aux hélicoptères,

- en raison de l’altitude à laquelle les feux sont situés (entre 1.800 et 2.500 mètres), la capacité d’emport du Dash est limitée à 7 m3 par rotation,

- la couverture nuageuse qui s’installe quotidiennement ou presque sur les Hauts limite considérablement l’emploi de l’appareil qui en 2010 est plusieurs fois resté cloué au sol dès le milieu de la matinée,

- l’an dernier en 8 jours, le Dash a été employé pour lutter contre le feu pendant 28h soit 3h30 par jour. À raison de 2 rotations par heure et de 7m3 d’eau largués à chaque rotation, il larguait en moyenne 50m3 chaque jour ».

Cette photo extraite de la "une" du JIR du 21 octobre 2010 montre un Dash 8 larguer de l’eau bien au-dessus de la crête du Maïdo. Sachant que le Maïdo se situe à 2.200 mètres d’altitude, cela démontre clairement la capacité de cet avion à travailler à cette altitude. À en croire les services de l’État, le Dash 8 serait donc brutalement devenu bien moins performant.

50 tonnes d’eau claire avaient permis de stopper la propagation des flammes l’an dernier. Quelles sont les véritables raisons qui font que le gouvernement refuse de mobiliser la solidarité nationale pour lutter contre un gigantesque incendie qui ravage le Patrimoine mondial ?
TCO

Incendie du Maïdo

Les élus de cette communauté d’agglomérations tirent la sonnette d’alarme et demandent au ministre de l’Outre Mer de déployer au plus vite des moyens exceptionnels stopper l’incendie du Maïdo qui entre-temps s’est propagé en direction du Sud.

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Messages

  • pas de dash8 , renforts de metropole au compte gouttes la France ne disposant peut être pas de transport aérien de troupes mais hier 520 soldats hauts savoyards ce sont envolés pour l’afganistan (voir le dauphiné libéré de ce jour) depuis 6 jours la Réunion brûle qu’il est beau mon pays !

  • Il y a un an, la préfecture de La Réunion se félicitait de l’emploi du Dash 8, communiqué n°15 daté du 20 octobre 2008 :

    Incendie au secteur du Maïdo et des Bénares
    Point de situation à 19h30 – communiqué N° 15

    L’avion bombardier d’eau Dash 8 arrivé hier soir à La Réunion a effectué à partir de 6h30 des largages d’eau sur les lisières du feu. Dix largages efficaces en cinq rotations ont été effectués dans la matinée. Un départ de feu à l’ouest, dans la forêt des cryptomerias, a été traité avec l’action combiné du Dash suivi des détachements de sapeurs-pompiers au sol.

    L’action de l’avion a permis d’éteindre le feu de cime qui menaçait. A partir de 10h30, la couverture nuageuse a empêché la poursuite des opérations aériennes. Elles reprendront demain dès 5h30.

    Aujourd’hui les effectifs étaient de 488 personnels mobilisés. Le travail de création de tranchée autour du périmètre sinistré se poursuit par les personnels au sol (agents de l’ONF, militaires des FAZSOI et forestiers communaux) de façon à encercler l’incendie d’un pare-feu. L’incendie est désormais circonscrit, il n’y a plus de foyer apparent actif et la zone est intégralement entourée de tuyaux permettant d’intervenir très rapidement en cas de reprise de feu.

    La vigilance reste cependant de mise dans la mesure ou le sol reste chaud et ou des reprises de feu sont toujours possibles. Ces points chauds sont sous surveillance du personnel du dispositif maintenu en place pour la nuit. (…)

  • OK, mais sur france 24 il y a une heure, suite à l’interview du préfet, le journaliste commente en disant que cet engin n’est pas disponible actuellement !! Etonnant ! je pense qu’il y aura des comptes à rendre ! en attendant les pertes sont énormes et continuent, bien que je salue le travail humain qui se fait sur le terrain ! Il y a un TRUC qui va pas dans la gestion de cette catastrophe ! Le vent n’a pas aidé mais forts de l’expérience de l’an dernier, comment le feu a pu arriver à cette ampleur là ?


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